Première orientation : définir un référentiel, à
savoir un ensemble de recommandations auxquelles doivent se
conformer les sites et services Web de
l’administration
Question A :
Jugez vous opportun l'élaboration d’un tel
référentiel ?
C'est une certitude. L'accessibilité est encore un
problème méconnu en France, et l'administration se doit
d'assumer son rôle de service public en servant tous les
utilisateurs.
Le classement et les recommandations définis pour
l'accessibilité vous paraissent-ils adaptés ?
Le travail de BrailleNet, reprenant le plus souvent les
WCAG du W3C-WAI est un excellent départ.
Dans chaque catégorie, quelles sont les préconisations
qui vous semblent difficiles à mettre en œuvre ?
Le cas échéant que préconisez-vous ?
La difficulté de mise en oeuvre ne réside pas tant dans le
respect des préconisations (simples prises chacune isolément)
que dans la nécessité, souvent, de devoir intervenir dans le
code manuellement plutôt qu'avec un outil inadapté ou
générant du code approximatif. Autrement dit, il convient
d'être très sélectif sur l'outil utilisé, faute de quoi il
risque de ruiner les meilleures intentions en terme de
conformité aux standards, d'ergonomie ou d'accessibilité.
Ensuite, il est nécessaire d'aborder la conception par
l'angle technique et non graphique : transiger sur la
technique au bénéfice du rendu graphique est une méthode de
travail à abandonner. Mieux vaux un document utilisable par
tous qu'un document qui apparaîtra de façon identique à 80%
des visiteurs, mais qui ne sera pas utilisable par les
adeptes de tel ou tel navigateur ou aide technique.
Ces préconisations sont-elles suffisantes pour contribuer
à faciliter l'accessibilité aux services et aux informations
fournis par les administrations ?
Il nous semble très important d'aborder plus formellement
deux points fondamentaux en terme d'accessibilité et de
meilleures pratiques de développement Web.
- Séparer la structure de la
présentation. Autrement dit, utiliser du balisage
sémantique (h1, h2, div, em, strong...) pour
structurer les documents plutôt que des balises
FONT et des tableaux. Le Web aujourd'hui rend totalement
illusoire le contrôle de la présentation par l'auteur. La
diversité des navigateurs, des aides techniques pour
l'accessibilité, des outils utilisés (PC, organiseur
personnel connecté, téléphone mobile) fait que l'auteur ne
peut pas totalement contrôler la façon dont son contenu
sera présenté à l'utilisateur. Par contre, l'utilisation de
la sémantique permet un rendu optimal sur la plus grande
variété de plateformes. Par ailleurs, la présentation sera
stockée dans un fichier de feuilles de styles
séparé (utilisation des CSS). Outre une plus grande
rapidité de chargement, cela permet de mettre à jour plus
facilement l'apparence du site, et surtout de conserver
l'homogénéité de la présentation à travers l'ensemble du
site, d'où une plus grande efficacité du medium Web, et
donc un moindre impact sur les budgets. Ces aspects sont
abordés dans le point 51, mais trop faiblement.
- Utiliser du (X)HTML valide. Les
navigateurs évoluent rapidement. En 2001, les navigateurs
de référence étaient Netscape 4.x et Internet Explorer 5.x.
Ces deux navigateurs ne sont plus développés (Netscape a
cessé toute activité et Microsoft a annoncé que la
prochaine version d'Internet Explorer ne sera disponible
qu'en 2006, pour les utilisateurs ayant nécessairement
acheté la prochaine version de Windows, LongHorn). Depuis,
de nouveaux navigateurs bien plus performants ont fait leur
apparition : Mozilla, Firebird, Opera, Apple Safari,
Konqueror, Galeon, etc. Ils ont la particularité d'avoir
été développés à partir de zéro, et donc de ne pas
reproduire exactement les défauts de leurs ancêtres
(reproduire à l'identique ces comportements est
techniquement impossible). Par contre, ces navigateurs
modernes ont un point commun : ils respectent les
standards du Web, tels qu'ils ont été édictés par le W3C.
Mais pour que ces navigateurs affichent le plus sûrement le
contenu de la façon décidée, il convient de leur
communiquer un contenu conforme aux standards (cf notre
article <2>). Cela passe par du contenu conforme aux
standards, et donc passant au validateur du W3C <3>.
Certes, le point 43 stipule qu'il fait spécifier le
DocType, mais aucune référence n'est faite quant à la
validation. Par exemple, la section VIII mentionne "des
formats ouverts et non propriétaires à l’instar de
Html". Mais il n'est nulle part mentionné qu'il faut que le
format soit valide, ce qui est tout de même paradoxal, dans
la mesure ou la validation est indispensable pour s'assurer
de la perennité des informations et leur bonne
interprétation par les différentes sortes de
navigateurs.
Deuxième orientation : intégrer les exigences
fonctionnelles de l'accessibilité pour l'accès aux
informations et aux services dès la conception du projet
Question B :
Cette orientation vous paraît-elle pertinente ?
Pour le collectif OpenWebGroup, cela est une évidence,
tant pour des raisons éthiques qu'économiques.
Cette exigence vous paraît-elle bien prise en compte par
les services concernés ?
On en peut pas dire que cela soit le cas pour
l'instant.
Quelles sont selon vous les mesures à envisager pour
renforcer une telle prise de conscience ?
Un effort de formation est nécessaire. Il faut prendre de
nouvelles bonnes habitudes. Il s'agit indéniablement d'une
étape difficile à franchir, mais elle est absolument
nécessaire. Par ailleurs, le passage aux standards du W3C est
lui aussi nécessaire. Prendre de nouvelles habitudes pour
construire des sites à la fois accessibles et conformes n'est
pas plus difficile que de se cantonner à l'accessibilité. En
effet, les standards comme XHTML Strict et HTML Strict sont
plus simples à apprendre, parce que plus cohérents que la
soupe de balises
utilisée autrefois. La problèmatique
de la mise en page étant séparée de celle de la structure du
document, le rédacteur s'affranchit de tout le vocabulaire
nécessaire à la mise en page pour se concentrer sur son
document.
Troisième orientation : privilégier les formats
ouverts
Question C :
Les formats préconisés pour l'accessibilité vous
paraissent-ils adaptés ?
Oui, dans la mesure où il est explicitement précisé que
XML, XHTML et HTML doivent impérativement être conformes
(donc validés) pour être acceptés.
Quels sont les formats que vous souhaiteriez voir
apparaître ?
Rien de particulier. HTML, CSS et PNG sont d'excellents
choix.
Quatrième orientation : Limiter ce référentiel sur
l'accessibilité aux services ouverts sur Internet
Question D :
Cette orientation vous paraît-elle pertinente ?
La notion d'Intranet devrait elle aussi respecter les
principes d'accessibilité et de conformité aux standards.
Quelles sont selon vous les exceptions à ce
principe ?
Nous n'en voyons pas.
<1> http://www.adae.gouv.fr/article.php3?id_article=246
<2> http://openweb.eu.org/articles/toi_comprendre_moi/
<3> http://validator.w3.org/