Retour sous la flotte par l'autoroute :

Normalement, l'autoroute sous la flotte, c'est chiant et monotone. T'as
rien a raconter. Et la, ami lecteur, tu te voyais deja en train de
passer au mail suivant, toi qui a deja eu du mal a suivre jusqu'ici !
Mais cette fois-ci, ca ne c'est pas passé comme ca...

Faut dire que grace aux 50 petits poneys shetland qui sont cachés dans
le moulbif de ma T3 Calif neurasthenique, j'ai quand meme reussi a
rattraper puis _depasser_ une moto au look classique, chargée  avec des
bagages et un grand type dessus, qui portaint une combarde de pluie au
look seventies. La moto, c'etait une SR 500 qui semblait surgir du
passé. Y aurait-il des failles dans le continuum d'espace temps lors des
grosses draches sur l'A71 ? Que nenni ! Nous roulons de concert, je te
double tu me double, on se fait un signe a chaque fois. C'est bizarre
comme cette moto classique, cette combarde antédiluvienne (ou devrais-je
rajouter "sub-diluvienne" ? ;-) avec ma T3 Calif, alors que je venais de
passer a quelques encablures du circuit historique de Charade (pres de
Clermont) m'ont projeté dans cette période de la moto que je ne connais
que dans les livres : celle de la fin des années 70, debut 80, epoque ou
je commencais a peine a loucher sur les 125 et 250 Honda XLS qui me
faisaient baver a la sortie du collège de curés d'ou je sortais avec mon
sac US marqué AC/DC. Bref, de la nostalgie pour cette epoque que je n'ai
pas connu, je la partageais sans doute avec cet inconnu a qui je n'avais
jamais adressé la parole, separés par quelques metres d'air et d'eau,
dans un bruit d'enfer, lui et moi tous deux au taquet sur nos moteurs
poussifs, pour qu'a 140, la route nous paraisse plus courte. A la
station suivante, je m'arrete pour prendre un chocolat chaud et tenter
de me rechauffer un peu. Surprise, la 500SR s'est arreté aussi et prend
de l'essence. Je suis devant la machine a café, et je me demande si on
va se parler, ce type et moi, ou si on va garder nos impressions pour
nous. Apres tout, je vais peut-etre tomber sur un gros bourrin qui n'a
pas du tout ressenti la meme chose que moi.... Je suis perdu dans mes
pensées, quand les deux types accoudés a coté de moi s'echangent des
coups de coude assortis de regards egrillards en regardant le motard
s'approcher... Il vient de retirer son casque et laisse s'echapper une
longue tignasse blonde et fait appaitre deux yeux bleus qui sont bien
feminins !

La fille s'approche de moi, et on commence a taper la discussion,
content de parler apres la solitude partagée de l'autoroute sous
l'averse. On ressemble a deux guignols, avec nos combis à demi otées, le
visage fatigué par la route, et en meme temps la banane de rencontrer
quelqu'un qui vient de vivre les meme galeres et qui partage en partie
les meme passions. Elle s'appelle Sandrine. On parle de tout, la moto,
les coupes moto-legendes, les trophées Gerard Jumeaux, et puis je
remarque que son casque est neuf, et qu'elle a des bottes de piste
recentes qui contrastent avec la combarde reformée et le blouson rouge
en cuir type senventies qu'elle porte sous la combi. "Tu fais de la
piste ?", je demande sans conviction... Oui, elle en fait. C'est la
copine d'Eric Saul, et elle roule comme lui en Yam TZ, avec un moteur
usine ! En effet, je me souviens d'un article qui parlait d'elle, a
propos d'une course à Daytona avec cette meme TZ. Elle revient des 24
heures, ou elle a tourné avant la course....
On continue la discussion, sur la passion, la moto, le sens de la vie,
avec cette fille vraiment sympa. On convient de se retrouver a
l'occasion a Monthlery, histoire de boire un coup ensemble. C'est
marrant comme cette station service standardisée, aspetisée, sans ame,
est devenue sympa et sans chichis. La dans un coin, deux passionnés
discutent, les caisseux les evitent en les regardant de travers. Tant
que convivialité, c'est indecent ! Je demande a un type buvant un café
pas tres loin de nous prendre en photo. (2482 et 2484)

Le type qui nous prend en photo est motard, lui aussi. Un ducatiste de
la premiere heure. (surement electricien, donc ! ;-) qui nous fait des
elans lyriques en parlant de sa 900SS, qui "roule pas tres vite, pas
plus de 240, hein, mais quel couple !". Tu vas voir, si on continue,
dans 10 minutes toute la station va etre motarde et la caissiere va
sortir une bouteille de Casa de dessous son comptoir :-) et nous
raconter des anecdotes datant de l'epoque ou elle roulait en MZ ;-)

Bon, c'est pas tout ca, il va falloir y aller. On a tellement envie de
retourner prendre la flotte que j'en ai perdu mes clés et elle son
ticket de peage :-))) Je finis par retrouver mes clés, je prend une
photo de nos meules, et on est repartis.

Quand j'y pense, en caisse, j'ai JAMAIS fait une rencontre pareille.
JAMAIS. Pour tout dire, je crois bien que je ne me suis jamais fait
accoster par une fille, meme à pied ! :-)))

Ah, si, peut-etre, une fois. Mais elle etait moche et c'etait juste pour
savoir l'heure.
 

--Tristan. Si je devais refaire une definition de la moto pour revenir
sur Becane, je crois bien que j'y mettrais cette anecdote...(non, pas
celle sur le cageot qui n'avait pas de montre !)

Vous voulez relire le bedut ?

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