illustration du chapitre

8 - Les meilleures choses ont une fin, même l'équilibre...

Middletown, Napa Valley, California Highway Patrol, Golden Gate bridge

Ah, la vache, dire que c'est notre dernière demi-journée... On va descendre la Napa valley (depuis le temps que j'en entends parler sans jamais l'avoir vue!) et puis bifurquer vers l'Ouest pour rejoindre la côte, et fait la partie de la Highway One au nord de S.F. Peut-être un petit tour sur le Mont Tamalpais, que je me suis promis de faire à moto la dernière fois que j'y suis venu ? On commence à descendre vers la Napa Valley depuis Middletown. On sent bien que c'est le week-end, au nombre de voitures sur la route. Les virages se succèdent et on retrouve la fâcheuse tendance des américains a flipper au moindre virage, et à faire toute la descente le pied sur le frein, boite auto oblige... C'est un peu pénible de se retrouver derrière une multitude de petits vieux se trainant abominablement, mais nous prenons notre mal en patience, car on ne connait pas la route et la visibilité est très mauvaise dans ces virolos. Pourtant, Benjamin et moi finissons par doubler plusieurs voitures et nous retrouver sans personne devant pour l'instant. Je vois Benjamin tomber un rapport et accélérer, comme pour rattraper le temps perdu. Boarf, nous sommes en vacances, même si c'est notre dernier jour... Dans le virage à droite suivant, Benjamin arrive très vite dans la descente. Un réflexe malheureux sur l'obstacle : il freine de l'avant. Sa chute ressemble à un "High-Side" et la moto tombe à gauche, et lui sur les mains et le ventre. :-( J'ai un coup de flip, je m'arrête en cata dans le virage, sur le bord de la route. Put.... de boite de vitesse qui refuse de passer au point mort ! (et dire qu'on critique les boites Guzzi!) Tant pis, je coupe le contact avec la premiere enclenchée, et je vais ramasser mon frangin. J'ai le coeur à 200BPM. Il arrive à se relever tout seul, on pousse la moto sur le bord, pour éviter un second accident. Ah, le p'tit con! Me saloper mes vacances... Juste avant de rendre les motos... Ca va, il a l'air secoué, mais il tient debout. Un motard américain en Harley Dyna Super Glide T-sport va faire demi-tour plus loin et nous rejoint. On discute, il appelle les flics sur son mobile. Comme ils tardent à arriver, il part sans les attendre. Sous le coup de l'émotion, je n'ai même pas pensé à lui demander son nom. Et même s'il ne lira jamais ce texte, qu'il soit ici remercié pour son aide et sa gentillesse. En attendant les fameux CHiPs (California Highway Patrol, la police de la route), on constate les dégats. Les deux rétros explosés, le bidon avec 2 grosses bosses et de façon générale tout le coté gauche, de la poignée, levier d'embrayage, carter moteur, repose-pied, sacoche... Ah, voila le CHiP... Pas très vif, mais de bonne volonté. Il remplit les papiers, très professionnel, et très aimable. La moto devrait pouvoir repartir et se trainer jusqu'à SF. Benjamin aussi, apreès quelques bleus, son perf' joliment troué par son appareil photo moyen-format qu'il portait en bandoulière, sa semelle arrachée, son Jean et ses gants ruinés. Il a plus encore une tête de déterré qu'au départ. Il faut dire que son Sportster fait grise mine, comme ses vétements. Et avec sa dent cassée, le jet-setter s'est transformé en homeless assez pitoyable. Une visite chez le dentiste, de nouveaux vêtements, un peu de repos, et il n'y paraîtra plus !

On repart très tranquillement vers SF, faisant l'impasse sur la ballade initialement prévue : je ne tiens pas à rallonger inutilement le voyage avec un moto abimée. La Napa Valley est triste à mourir, car toute droite et beaucoup trop fréquentée par les voitures (c'est le grand vignoble californien, et nous sommes samedi). On s'arrête pour un dernier Breakfast sur la route, à Calistoga, puis pour profiter de la vue magnifique de San Francisco et du Golden Gate, d'autant plus belle que le brouillard habituel est absent. Petit auto-portrait pour immortaliser l'instant. Les trois compères ont le sourire, malgré ces dernière péripéties et la fin des vacances.

Ultime anecdote après avoir rendu les motos, on demande au magasin de nous appeler un taxi pour aller à l'Hotel, et on voit une énorme Cadillac noire s'avancer... Le chauffeur, Nico, est Latino et nous fera déguster quelques airs de Salsa à fond en nous raccompagnant. Il insistera pour prendre une photo de nous descendant de la Cadillac. Arrivés à l'hotel, Benjamin s'écroule, sous le coup de l'émotion. Notre périple a moto vient de s'arrêter. Près de 2.000 miles (3.220 km) tout de même, soit une moyenne de 460 km par jour, pour l'essentiel des petites routes de montagne. Nous sommes épuisés, repus de kilomètres, gavés de virolos et de paysages fantastiques. N'ayant pas fait de moto cet hiver, mon objectif d'en faire jusqu'a l'écoeurement est largement atteint :-).

Nous en sommes arrivés à croire que le ciel est toujours bleu dans ce pays :-) et les motos toujours brillantes. Ce sont mes meilleures vacances motos a ce jour, suivies de près par le tour en Italie, l'année dernière. Bref, il faudra recommencer !

L'année prochaine, Bryce Canyon et Monument Valley, au départ de Las Vegas ? ;-)


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